Consentement et relâchement dans le massage

Pas de relâchement sans consentement

Le relâchement est la clé de voûte d’un travail musculaire constructif du cheval. La performance de l’animal est indubitablement liée à son état corporel et psychique. Le relâchement et la décontraction physiques mais aussi émotionnelles sont les objectifs du masseur professionnel, tant dans le temps du soin que dans les moments qui suivront le massage.

Le relâchement ne peut se produire que si le cheval le consent. Autrement dit, pas de consentement, pas de relâchement. En institut de beauté, personne n’impose aux clientes le type de massage qu’elles recevront. Elles peuvent être guidées, mais elles conservent leur libre arbitre. La même déontologie doit régir le monde du massage équin professionnel. C’est le cheval qui guide, qui sait ce qui lui fait du bien, ce qui lui fait mal. Il est sensible au toucher. La modulation de la pression, de la nature ou de la forme du geste imprimé vont le conduire ou non à se détendre. Chaque individu possède son propre ressenti. Il en va du toucher comme du goût ou des autres sens. Les perceptions varient selon les individus.

Le cheval au centre

Mes élèves entendent tous dans leurs premières séances de travail à mes côtés « Ne regarde pas tes mains. Elles ne vont pas se décrocher de tes bras. Ce que tu ne dois jamais perdre de vue, c’est le cheval ». En effet, le temps de son soin de bien-être, le cheval doit rester au centre. C’est lui qui doit guider, pas le masseur ou le propriétaire.

L’art du toucher-massage réside dans la capacité du masseur à savoir choisir dans sa palette de techniques celles qui correspondront aux attentes de l’animal avec lequel il travail. AVEC et pas SUR. Le massage met bien en présence deux individus qui agissent ENSEMBLE. Chacun assume ainsi sa part du travail. L’un donne, l’autre reçoit. Il s’agit d’une action commune.

C’est le même principe qu’en communication : Un émetteur de message, un récepteur. Or, nous savons que le récepteur peut décider de son plein gré de ne pas recevoir, de ne pas répondre à un message transmis. La forme du message y est alors pour beaucoup. Si le masseur veut que ce soin soit pleinement reçu, accepté et que son binôme en tire le meilleur, il doit s’exprimer dans un langage que le cheval peur recevoir. Et cette notion n’est pas universelle. Nous sommes en présence du vivant et plus exactement de deux êtres vivants : le masseur et le cheval.

Chacun de nos deux protagonistes arrive sur scène avec ses bagages : son corps, son esprit. Chacun peut être, à cet instant donné, plus ou moins bien. C’est ce qui fait que chaque massage va avoir lieu dans des conditions uniques, et ce, même si nous mettons ensemble les deux mêmes individus dans le même lieu. Il faudra toujours tout remettre en question. Rien n’est jamais acquis, rien ne se passe jamais tout à fait de la même manière.

C’est au masseur de faire le travail d’adaptation, pas au cheval. C’est à lui de maîtriser une palette de techniques suffisantes pour proposer au cheval ce qui lui conviendra et d’obtenir son consentement. Si le cheval n’est pas à l’aise sous les mains de son masseur, il ne se relâchera pas. Tout ça pour finir par dire que le toucher-massage n’a pas de règle immuable, à part celle du respect.

Pénélope Garnier – Calingaroma et Une Deplus de Quiesce lors d’un massage

La variété des touchers

Toutes les formes de toucher sont justes, si elles sont consenties par l’animal et respectueuses de son intégrité physique. Du massage très mécanique dans lequel on vient effectuer des manœuvres très profondes, parfois même avec des machines, au toucher relationnel dans lequel la main n’entre pas en contact direct avec le cheval. Tout a sa place dans la boîte à outils du masseur. Le professionnel doit acquérir des connaissances techniques, il doit savoir se servir des outils à bon escient. Mais surtout, il doit maîtriser parfaitement le sujet du cheval, connaître son anatomie, certes, mais pas seulement. C’est insuffisant. Il doit savoir comment il pense, comment il ressent. Et cela n’a rien de magique, c’est scientifique. Et pour parfaire sa pratique, il lui faudra passer du temps, beaucoup de temps, à observer, à chercher, à lire, à faire du cheval le centre de sa vie professionnelle…